Dans le cadre de la nouvelle série éditoriale dédiée à « Histoires de Foot », footstorm.fr propose des récits exclusifs en lien avec chaque épisode du podcast. Chaque semaine, lumières sur la trajectoire d’un invité marquant, pour revivre une page inspirante de l’histoire du football et des coulisses du jeu. Produite et animée par Antoine Gagné, la série « Histoires de Foot » s’attache à croiser carrière, émotions, enjeux business et leçons tirées du sommet de la sphère football.

Jeremy Pastel, l’entrepreneur qui bouscule les codes du foot

Pour ce deuxième épisode, immersion dans le parcours atypique de Jeremy Pastel, décrit comme « l’agent venu du business », dont le passage fulgurant du monde des télécoms à celui du mercato a marqué les esprits. Parti de France, installé à Montréal en 2008, il cofonde Voxen Telecom et se fait un nom avec Boost My Com, avant d’entrer par effraction dans la planète football.

À l’origine simple conseiller en communication aux États-Unis et Canada, il devient agent de joueurs par hasard, grâce à une expertise contractuelle vite repérée. Son premier coup d’éclat ? Un transfert à plus de 20 millions d’euros, « dès ses débuts », qui le propulse d’emblée au centre du jeu, dans un univers réputé fermé.

Similitudes et différences entre football et business

Pour Jeremy Pastel, le football professionnel et l’entrepreneuriat partagent des ressorts fondamentaux :

Il compare le club à une entreprise : « Un club de foot, c’est une société qui doit gagner des titres pour mieux vendre, augmenter son chiffre d’affaires, gérer ses assets comme ses joueurs. » Mais il insiste également sur le caractère unique des codes du foot, de son milieu fermé et de ses réseaux, où la passion et les égos jouent un rôle central.

Casser les codes : premier transfert XXL et choc culturel

C’est lors d’une négociation improvisée (à la demande d’un joueur qui n’était pas satisfait de son agent) que Jeremy découvre le potentiel et les lacunes du monde des agents. Sa lecture précise des contrats et son approche business lui permettent de sécuriser une énorme somme pour son joueur, et de s’imposer.
« Je n’ai pas besoin de savoir tirer un penalty pour faire un gros transfert », résume-t-il.

Ce succès rapide attire les regards… et génère pressions, jalousies, critiques. Jeremy Pastel dévoile les dessous d’un marché où la réussite d’une opération ouvre autant de portes qu’elle déclenche d’hostilités, et où rentrer dans le cercle suppose rigueur et capacité d’apprentissage accélérée.

Approche novatrice de l’agent : stratège, manager et mentor

Plutôt que de « placer à tout prix » le maximum de joueurs, Pastel explique avoir misé sur le développement durable des talents.

La naissance de Precision Play Soccer (PPS) : un pont France-Amérique du Nord

C’est à Los Angeles, autour d’un repas avec Mathieu Bodmer (ex-PSG, Lyon, Nice, Le Havre), que l’idée germe : créer une véritable passerelle pour faire émerger les talents nord-américains et les connecter à l’Europe.
Precision Play Soccer devient dès 2024 un accélérateur de détection et de placements. Le concept est unique :

En deux éditions, PPS affiche déjà une réussite tangible, avec plusieurs signatures ou essais de jeunes au Havre, Nantes et d’autres clubs européens majeurs.

Les secrets d’un camp efficace : au-delà du simple « taper dans le ballon »

Contrairement à la majorité des camps qui surfent sur la tendance, PPS se positionne en mode start-up, avec des méthodes issues du business et de la tech :

Le processus est encadré par des professionnels aguerris qui viennent pour accompagner, conseiller et détecter les jeunes susceptibles de percer. Une attention particulière est prêtée au comportement sur et en dehors du terrain : « L’attitude compte autant que la performance, un détail peut tout faire basculer. Jamais vu Cristiano Ronaldo avec les lacets défaits : c’est ce genre de microdétail qui change une carrière. »

Le modèle du foot nord-américain : opportunités et complexités

La réalité terrain en Amérique du Nord est radicalement différente :

Jeremy Pastel décrypte ce marché en pleine croissance, la nécessité de s’adapter au modèle nord-américain, et l’importance de créer des ponts réellement efficaces pour permettre aux meilleurs d’accéder à l’Europe.

L’importance du personal branding pour les jeunes joueurs

Avec la montée des réseaux sociaux et la globalisation du marché, un joueur de foot est aussi une marque à construire :
« Si tu n’es pas vu, tu ne vends pas », résume Pastel.
Il insiste sur la nécessité de capitaliser sur sa visibilité dès le plus jeune âge, et sur l’équilibre à trouver entre notoriété et résultats sportifs. Plusieurs exemples (Cristiano Ronaldo, Lionel Messi) illustrent l’importance de la « longévité » de la marque pour continuer à exister après la fin de la carrière. C’est aussi la clé d’une retraite ou d’une reconversion réussie.

La technologie et le futur des agences : l’agent 2.0

La structure PPS intègre la tech dans l’ensemble des process :

Mais Jeremy Pastel nuance : « Les apps ne remplaceront jamais une vraie relation, un coup de téléphone où on prend le temps d’évaluer le joueur, d’analyser son mental. » L’avenir : un savant mix d’humain, de tech et de marketing, au service d’une vision long terme.

Persistance, mentalité et vision

Le parcours entrepreneurial dans le foot, c’est aussi accepter l’inconfort, l’échec, l’apprentissage permanent des codes.
« Ma vraie passion, c’est le développement », conclut Pastel. « J’ai commencé par vendre des téléphones, je vends aujourd’hui des carrières et des talents, avec rigueur et humilité. »

Son message aux jeunes : « Le talent ne suffit pas. Tout peut basculer à cause d’un détail. Entourez-vous, apprenez à gérer la pression, développez-vous comme une vraie marque, pas une simple individualité. »

Vision du futur : les nouveaux défis du foot mondial

Avec la Coupe du Monde 2026 sur le continent nord-américain, la fenêtre d’opportunité n’a jamais été aussi grande. Entre l’explosion de la MLS, la professionnalisation accélérée, la société du spectacle à l’américaine et la transition vers le sport-business intégral, Jeremy Pastel propose une vision :

Conclusion : « Il faut être bon… ou marquant »

Avec Jeremy Pastel, « Histoires de Foot » offre une plongée fascinante dans les coulisses d’un marché où tout s’accélère, où le mental et la formation sont décisifs, et où réussir demande discipline, réseau et audace.
Que l’on soit joueur, parent, agent, entrepreneur ou simple supporter, chaque épisode apporte son lot d’enseignements pour naviguer dans la nouvelle ère du football-monde.

À retrouver en replay et sur toutes les plateformes de podcasts et vidéos :

Prochain rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode et un nouveau portrait sur footstorm.fr. Retrouve toutes les analyses, anecdotes et points-clés pour aller plus loin dans l’histoire du foot d’aujourd’hui.