En 1973, un petit miracle sportif voit le jour en Dordogne. Le FC Fossemagne, club d’un village de 500 habitants, accède à la Division 3. Cette ascension inattendue bouscule les codes du football français pendant quatre saisons.
Situé à vingt kilomètres de Périgueux, le stade de Fossemagne surgit discrètement derrière une rangée d’arbres, au pied d’un virage. À l’époque, il attire des foules incroyables. En effet, « Il y avait 1 000 à 1 200 spectateurs, ça venait de partout », se remémore Joël Bruni, joueur arrivé dès 1973. Il ajoute : « Il n’y avait pas de parking. Les gens se garaient au bord de la route, certains restaient sur le talus. »
Cette montée coïncide avec le titre de champion de Division d’Honneur, remporté par le club en 1973. Affiliée à la Ligue du Centre-Ouest, la Dordogne voit alors l’un de ses plus petits clubs défier des réserves professionnelles.
À Fossemagne, le décor étonne. Le terrain n’a ni tribune ni vestiaire digne de ce nom. Une simple main courante entoure la pelouse. En guise de zone d’échauffement : une clairière. La première fois que la réserve de Nantes vient jouer ici, le bus continue sans s’arrêter. L’équipe n’apprend qu’à Thenon qu’elle doit faire demi-tour !
Malgré ces conditions rustiques, le FCF tient tête à des adversaires tels que Niort, le SO Cholet, et les réserves de Bordeaux, Nantes et Angers. Cela pendant quatre saisons. Ce parcours étonne, amuse, mais surtout force le respect.
Aujourd’hui encore, certains se souviennent de l’ambiance. Du garage au restaurant, en passant par la poissonnerie, tout le village vibrait. Avant l’autoroute, Fossemagne vivait au rythme du football.
Cependant, en 1978, l’aventure prend fin. Le club est dissout. Le stade municipal retrouve alors son calme. Mais dans les mémoires, la magie demeure.
Quarante ans plus tard, Raymond Montupet, coprésident du FC Thenon/Limeyrat/Fossemagne, se rase pour fêter une montée en Régional 2. La dernière fois, c’était après la descente du FCF en DH. Un rituel pour marquer l’histoire, à nouveau.